L’administration qui promet “respect” et “politesse” à ses agents

Mardi 8 octobre 2013

Pour répondre au profond malaise de son personnel, l’Office national des forêts lance un plan d’actions visant à améliorer les conditions de vie au travail, le management ou le dialogue social. Un document que s’est procuré Acteurs publics et que trois syndicats jugent insuffisant.

Lu sous http://www.acteurspublics.com

Privilégier “le dialogue, l’échange et l’expression” dans la gestion des ressources humaines, respecter les règles fixées “notamment statutaires”, prévenir la pénibilité. Telles sont quelques-unes des actions prévues dans un plan que l’Office national des forêts (ONF) souhaite mettre en place suite à un audit “socio-organisationnel” lancé l’année dernière.

Dans ce document que s’est procuré Acteurs publics, la direction constate le “malaise social profond et multifactoriel” de ses agents. Depuis 2002, l’Office a réduit ses effectifs de 15 %, principalement sur le terrain. Des restrictions budgétaires et de personnel très mal vécues par les agents, à tel point que ce malaise s’est traduit, ces dernières années, par une série de suicides d’agents forestiers.

“Il est nécessaire de donner aux personnels de l’ONF un projet d’avenir clair et de long terme dans lequel ils puissent se reconnaître et se projeter”, observe le plan d’actions. Quitte à rappeler des évidences : “Les rapports entre les personnes doivent être fondés sur les notions de respect et de confiance mutuelle.” Ou encore : “La gestion des ressources humaines doit accorder une importance première aux personnes au sein de collectifs de travail.” Des “maîtres mots” devront être déclinés au quotidien : “bienveillance à l’égard de tous”, “respect”, “équité”, “transparence”, “écoute”, “politesse”, etc.

Le management ciblé

Le management est particulièrement visé. Le document constate : “Aujourd’hui, le management par objectifs pratiqués au sein de l’ONF apparaît comme ciblé sur la seule atteinte des objectifs quantitatifs ou des exigences de la certification.” L’ONF poursuit : “S’il est normal que l’ONF ainsi que ses structures se voient attribuer des objectifs, il est indispensable que ceux-ci soient précis, clairs, compréhensibles et atteignables. Ils doivent être compris des personnels.” Cela semble en effet préférable…

L’ONF promet par ailleurs de prendre en compte l’impact des suppressions de postes prévues par le contrat d’objectifs et de performance 2012-2016 sur les conditions de travail. Le dialogue social sera renforcé, les agents pourront bénéficier des retours catégoriels liés à la réduction des effectifs – comme dans les autres administrations –, une “charte du ménagement” sera établie. En tout, une quarantaine de mesures concrètes doivent voir le jour.

Si ce plan d’actions a été signé par les syndicats EFA-CGC et SNTF-FO, il est rejeté par le Snupfen-Solidaires, principal syndical de l’ONF qui, dans un communiqué, justifie : L’audit avait été diligenté consécutivement à la vague de suicides qui a endeuillé l’établissement en 2011. C’est en avril 2012 que les résultats, accablants, sont connus. Puis il aura fallu attendre encore plus d’un an pour que la direction générale ouvre des négociations avec l’ensemble des organisations syndicales de l’ONF.

Forte prise de conscience

Pour le Snupfen, les résultats des négociations “ne sont pas à la hauteur des enjeux” : “Il est impératif que le gouvernement prenne la mesure du problème et apporte des solutions rapides aux questions de l’emploi à l’ONF, cause majeure du malaise au sein de l’établissement.” Refus également de la CGT Forêt et du Snaf-Unsa.

Cela ne devrait pas empêcher la mise en place du plan d’actions. “La prise de conscience de l’ONF est très forte, confie à Acteurs publics Pascal Viné, le directeur général de l’Office. Elle se concrétise dans ce plan d’actions, fruit d’un travail commun de la direction et de toutes les organisations syndicales. Il est de notre responsabilité de le mettre en œuvre.”

Pascal Viné salue la démarche “sans précédent à l’ONF” menée pour “rétablir la confiance”. “Ce document balaye tous les aspects de la gestion des ressources humaines, souligne-t-il, du management aux conditions de travail en passant par le dialogue social ou l’organisation interne. Je regrette que nos partenaires n’appuient pas le travail que nous avons fait ensemble.” Le plan d’actions devrait être initié dans les prochaines semaines et se poursuivre jusqu’en 2016.

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