Lu sous
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Philippe Marini n’a pas signé, hier, le protocole Forêt d’exception et séché la cérémonie. Il attend des efforts sur le bail de Saint-Pierre en Chastres.
Un joli ruban avait été prévu pour l’inauguration. Un ruban végétal entrecroisé avec un drapeau bleu blanc rouge. Les représentants de l’Office national des forêts (ONF), le sous-préfet de Compiègne et des politiques avaient fait le déplacement ; les journalistes avaient reçu leurs invitations cartonnées ; les discours étaient prêts.
Hier matin, une petite cérémonie était en effet prévue pour marquer la restauration de la grille des Beaux-Monts et officialiser un peu plus la candidature du massif de Compiègne au label Forêt d’exception. Il y avait même les opposants : des représentants de Picardie Nature et du Regroupement des organismes de sauvegardes de l’Oise (Roso), en désaccord sur la gestion de la forêt de Compiègne par l’ONF. Bref, il ne manquait personne, excepté… le sénateur-maire UMP de Compiègne. Philippe Marini a décidé au dernier moment de ne pas venir. Et de repousser ainsi la signature du protocole Forêt d’exception qui listait une série d’actions pour mettre en valeur le massif.
Quelle mouche a piqué Philippe Marini ? « Il met un peu de pression », glisse un cadre de l’ONF. Le contentieux vient de l’ancienne abbaye de Saint-Pierre en Chastres, à Vieux-Moulin. L’Agglomération de la région de Compiègne espérait acheter cette maison forestière inoccupée. Seulement, l’office a fait marche arrière. Raison invoquée : coller à la règle, celle de ne plus vendre les sites enclavés, comme Saint-Pierre en Chastres. Surtout, la polémique suscitée par la vente de l’hippodrome de Compiègne a calmé les ardeurs immobilières de l’État quant à son patrimoine forestier.
« Le ministère tétanisé »
L’Agglo a alors songé à une autre solution : un bail emphytéotique, qui permettrait de mener les investissements nécessaires à la restauration des lieux et leur aménagement pour accueillir le Festival des forêts. Mais l’ONF ne propose jusqu’ici qu’un bail de 18 ans et les négociations patinent. « Un tel bail présente de lourds inconvénients, indique Michel Foubert, vice-président de l’ARC. On ne peut ni emprunter ni récupérer la TVA sur les travaux… Il faut plusieurs millions d’euros pour la rénovation. On a essayé jusqu’au dernier moment d’obtenir un bail emphytéotique, mais le ministère de l’Agriculture est tétanisé. Les collaborateurs du ministre ont peur de se tromper avec tout le ramdam qui a été fait autour de l’hippodrome. »
L’ARC ne dispose donc pour l’heure que d’une autorisation d’occupation. « Nous avons déjà refait la toiture, mis en place un gardiennage, mais nous ne pouvons pas aller au-delà », déplore Michel Foubert.
Dans un communiqué, l’Agglo fait savoir qu’elle « consacrera les 25 000 à 30 000 € par an qui devaient être alloués au programme d’actions de la Forêt d’exception à la compensation de la perte de la récupération de TVA. » Et de conclure : « Il est nécessaire d’attendre la clarification de ce sujet pour que l’ARC puisse s’inscrire dans une démarche de partenariat avec l’ONF. »
Décidément, l’ONF reste un sujet sensible pour le sénateur-maire : ce dernier avait bataillé pour le déménagement du siège de Paris à Compiègne. Les syndicats forestiers avaient eu raison du projet et la Ville avait dû se contenter d’une compensation financière.
PIERRIG GUENNEC