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Le projet de la société Erscia est contesté par les défenseurs de l’environnement nivernais.
Nouveau coup d’arrêt au projet de scierie géante du Morvan, dans la Nièvre. Mercredi, le Conseil d’Etat a confirmé la décision du tribunal administratif de Dijon, repoussant à nouveau le début des travaux prévus par la société Erscia, détenue par le groupe luxembourgeois Wood & Energy SA et le belge Industrie du Bois Vielsalm & Cie (IBV). « Pour la quatrième fois, la justice a donné raison aux opposants à Erscia », se félicite Muriel André, la porte-parole de l’association de défense de l’environnement Adret Morvan. Depuis plus d’un an, l’association se bat contre le projet de scierie industrielle et de centrale électrothermique de cogénération à Sardy-lès-Épiry. Elle dénonce un projet « contraire à l’intérêt public et nuisible pour l’environnement », synonyme de pollution, dégradation de la forêt, course à la subvention européenne et « greenwaching ».
Promesses d’embauche
De son côté, l’industriel tente de séduire le territoire en affichant des promesses d’embauche à hauteur de 126 emplois directs sur le site et 285 emplois indirects liés aux activités de logistique, maintenance ou encore de services. Mais le discours ne convainc pas la société civile, mobilisée sur le terrain associatif et judiciaire.
Embourbée dans des procédures juridiques, Erscia, accompagnée par la société d’économie mixte (SEM) Nièvre Développement et le ministère de l’Ecologie, croyait gagner du temps en saisissant le Conseil d’Etat. Il contestait la décision du tribunal administratif de Dijon qui avait suspendu, en mars, un arrêté préfectoral du 31 janvier, autorisant le défrichage du site. Lors de la séance du 19 septembre (rendue publique le 9 octobre), le Conseil d’Etat a confirmé la décision du juge des référés au motif que « si le projet présentait un intérêt public incontestable, il ne constituait pas pour autant un cas exceptionnel dont la réalisation se révélerait indispensable ».
« Nature irréversible »
Le Conseil d’Etat a aussi validé la condition d’urgence du jugement, en raison de la « nature irréversible » et de « l’imminence » des risques pour les espèces protégées du site. Conséquence de ce revers pour Erscia, les travaux de défrichement conduits par Nièvre Aménagement, qui devaient débuter à la fin 2013, pour une mise en service à l’automne, sont gelés.
Pour les militants, pas question pour autant de lever le camp de la Zone à défendre (ZAD) qu’ils occupent dans le massif forestier du Morvan. Les « zadistes », une quinzaine de personnes qui se relaient sur le site depuis février, attendent que la justice ait rendu sa décision - sur le fond - concernant l’ensemble des arrêtés. A moins que, d’ici là, comme l’espère l’association Adret Morvan, les élus locaux de la Nièvre fassent « preuve de sagesse en annonçant rapidement l’abandon définitif du projet Erscia ». Le directeur-général de l’entreprise, Pascal Jacob, a lui déjà jeté l’éponge, et annoncé le 2 octobre qu’il démissionnait de son poste. Autre piste évoquée par des sources proches du dossier : une relocalisation du projet dans une autre zone forestière, en Auvergne.