<img alt="La demande de bois est de plus en plus forte, pour la construction et l’énergie. Mais les communes forestières voient leurs recettes baisser. Archives Vanessa Meyer" src="IMG/jpg/photo-alsace.jpg" height="360" width="540">
Pierre Grandadam, vous êtes président de la Fédération des communes forestières d’Alsace. Il y a un mois, vous avez alerté le gouvernement sur les risques de suppression du régime forestier et de privatisation de la gestion des forêts. Avez-vous obtenu gain de cause ?
Le ministre de l’Agriculture nous a assuré que le régime forestier serait maintenu et que l’ONF resterait opérateur unique. Dont acte. Je suis confiant : le bon sens prévaudra. Nous avons porté les préoccupations des maires au niveau national et les parlementaires ont compris qu’on ne peut pas traiter la forêt de manière mercantile, que la vision économique à court terme ne convient pas à la gestion forestière.
Nous devons cependant rester vigilants face aux contraintes budgétaires. Celles-ci constituent un sujet de préoccupation pour les maires qui voient les revenus forestiers baisser. L’ONF fournit des services de qualité qui doivent être payés. Mais nous n’accepterons pas une hausse des frais de garderie : l’Alsace a une forêt productive mais n’a pas à compenser les frais de gestion des forêts de régions moins productives.
Quel est l’état actuel du marché du bois ?
Il est plus favorable, avec en particulier une reprise sur le chêne. Mais il y a des tensions sur le résineux : la demande en hausse, notamment pour les emballages, se répercute sur les prix. Le hêtre, en revanche, une essence de grande qualité, a du mal à trouver un bon usage en France. Son exportation vers la Chine nous pénalise.
La demande en bois énergie augmente. La pression est forte de toutes parts. On ne peut pas laisser faire au gré des besoins du marché. La régulation doit se faire à tous les niveaux pour assurer les multiples fonctions de la forêt, économique, écologique, sociale.
Et la chasse ?
Le gibier a sa place dans la forêt mais tout est question de juste équilibre. Le cerf n’est pas menacé, le sanglier pose de graves problèmes. Certains chasseurs veulent entretenir un cheptel élevé. Ce qui fait le plus défaut, c’est une concertation large, entre les communes, les forestiers, les chasseurs et les naturalistes. La Fédération de chasse du Haut-Rhin a fait un plus grand pas que celle du Bas-Rhin. Tout n’est pas résolu. Mon rôle est de mettre de l’huile dans les rouages.
Quels sont les enjeux de la gestion forestière ?
Les grands défis de l’avenir, mises à part les questions démographiques, passent tous par la forêt et la biomasse : la protection des ressources en eau, les économies d’énergie, la réduction des gaz à effet de serre, les alternatives aux énergies fossiles. Le bois a des vertus et il faut en produire mais ne pas oublier que le temps d’une forêt est bien plus long que celui d’une génération humaine. Nous devons agir à tous les niveaux, de l’amont à la consommation, au regard de tous les paramètres.
le 17/04/2011 à 00:00 par Propos recueillis par Elisabeth Schulthess