Les syndicats de l’Office national qui gère la sylviculture et le collectif SOS forêt mobilisaient hier pour une autre politique de gestion
Ils ont voulu « ?attaquer ? », dès le lendemain des élections législatives, pour interpeller le nouveau gouvernement et les nouveaux députés sur la question du devenir des forêts françaises. Hier, l’ensemble des syndicats de l’Office national des forêts (ONF), et le collectif SOS forêt, constitué début 2011 en Lorraine et composé d’une quarantaine d’associations de défense de la nature et de partis politiques de gauche, organisaient une journée de mobilisation pour revendiquer une « ?autre politique forestière ? », selon Michel Benard, de la CGT forêt. Quatre manifestations, à Besançon, Alençon, Chambéry et Toulouse, ont réuni plus de 800 salariés et militants pour la nature, a précisé Philippe Berger, du Snupfen, premier syndicat de l’ONF.
Les points de vue, syndical et écolo, se rejoignent pour dénoncer la spirale productiviste dans laquelle sont embarquées les forêts de l’Hexagone depuis plusieurs années. Dans la foulée du Grenelle de l’environnement en 2007, le gouvernement Sarkozy a fixé l’objectif d’augmenter de 40 ?% d’ici à 2020 la production française de bois pour développer son usage dans l’énergie et la construction. Cette exigence s’est abattue sur l’ONF, déjà placé dans une situation financière et sociale délicate. Alors que la subvention de l’État, au titre des missions de service public, stagne depuis cinq ans à 120 ?millions d’euros annuels, la contribution que doit reverser l’ONF à ce même État, pour le paiement des pensions de ses agents fonctionnaires, a explosé de 20 ?millions d’euros à 90 ?millions cette année, puis 110 l’an prochain, soit presque autant que la subvention. Ce qui pousse l’office à une course à la rentabilité, par la surexploitation des forêts et par la réduction des coûts. Le contrat d’objectifs 2012-2016, signé l’an dernier avec l’État, prévoit ainsi 700 suppressions de postes sur 9 500, dans un contexte où les réductions d’effectifs déjà subies, et la réorientation mal vécue vers le tout-production produisent des dégâts parmi le personnel. Commandé par la direction de l’ONF l’an dernier, après trois suicides en un mois, un audit « ?socio-organisationnel ? », dont les résultats doivent être rendus publics en juillet, fait état de 8 ?% d’agents en état dépressif, dénonce Philippe Berger du Snupfen. Les syndicats attendent du gouvernement deux mesures immédiates : l’abandon de la contribution au titre des pensions, et l’arrêt des suppressions de postes.
Des territoires défigurés Régine Millarakis, du collectif SOS forêt, explique qu’après le pillage des forêts domaniales depuis quinze ans, la surexploitation concerne les forêts communales. Le productivisme incite à couper les arbres plus jeunes, alors que les vieux troncs permettent le stockage du carbone et constituent les « ?forêts majestueuses ? ». Autre dégât, ?la construction d’autoroutes, pour accélérer le commerce de bois.
Fanny Doumayrou