France Télécom à Mérignac : la direction admet les raisons du suicide

Jeudi 2 juin 2011

Lu sous www.sudouest.fr

Le PDG du groupe France Télécom veut reconnaître l’accident de service pour le salarié qui s’est immolé par le feu

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Rémy Louvradoux s’est suicidé le 26 avril, s’immolant par le feu sur le parking de son ancien lieu de travail, à Mérignac. Photo archives Thierry David

Le PDG de France Télécom-Orange, Stéphane Richard, a demandé que le suicide d’un de ses salariés, Rémy Louvradoux, qui s’est immolé par le feu le 26 avril à Mérignac, soit reconnu « sans attendre » comme « un accident de service », a annoncé mercredi la direction du groupe à l’AFP. L’employé de 57 ans, qui avait le statut de fonctionnaire, a mis fin à ses jours sur le parking de son ancien lieu de travail, situé avenue Henri-Vigneau. Dans une lettre adressée à sa direction en septembre 2009, il affirmait notamment être « en trop ».

La reconnaissance d’un suicide comme accident du travail (ou accident de service pour les fonctionnaires) donne droit pour son conjoint à une indemnisation par la sécurité sociale. Sachant que celle-ci peut être majorée en cas de reconnaissance de la « faute inexcusable » de l’employeur. Les syndicats approuvent La décision du PDG fait suite à un rapport réalisé par le médiateur du groupe, Jean-Louis Colin (1). Selon la direction, ce dernier a estimé que les circonstances du suicide du salarié « constituent une présomption d’imputabilité de son décès à l’exercice de son activité ». Florence Baillard-Bordes, déléguée syndicale coordinatrice de la CFDT, parle d’une excellente nouvelle. « 48 heures après le suicide de Rémy, nous étions intervenus auprès de Stéphane Richard pour mettre l’entreprise face à ses responsabilités. Il y a trois semaines, nous avions également rencontré le directeur des ressources humaines. Je ne dis pas que nous avons influencé la décision du PDG mais il ne pouvait pas rester dans le déni. Si Rémy avait choisi de se suicider sur son ancien lieu de travail, ce n’était pas par hasard », souligne la représentante syndicale. Elle ajoute : « Ça veut aussi dire que l’entreprise est en train de changer. Elle reconnaît clairement que des salariés peuvent être en souffrance. C’est un signal fort. » Enfin, l’activation de la procédure d’accident de service devrait garantir de meilleurs avantages financiers à la famille. « Il n’est pas évident d’évoquer cet aspect des choses. Mais pour une mère avec quatre enfants à charge et poursuivant des études, c’est très important », poursuit Florence Baillard-Bordes, qui évoque « un petit pas vers un nouveau contrat social ». Côté Sud-PTT, Jean-Michel Gendek, membre du bureau départemental, se félicite aussi de la décision du PDG. « Elle correspond aux attentes de l’ensemble des organisations syndicales. » Toutefois, il admet qu’elle ne répond en rien aux problèmes engendrés par la politique de l’entreprise. « Le malaise persiste, notamment dans les centres d’appels où les managers continuent d’infantiliser leurs équipes avec des challenges ridicules. » Par ailleurs, toutes les zones d’ombre ne sont pas levées quant à l’organisation du travail. « Des changements sont annoncés mais on n’en connaît toujours pas le contenu. Le balai social va-t-il s’apaiser ou non ? Je n’ai pas la réponse. » Selon l’Observatoire du stress et des mobilités forcées, créé par les syndicats du groupe après la vague de suicides, il y a eu 60 suicides depuis 2008 au sein du groupe qui compte quelque 100 000 salariés, dont 60 % ont le statut de fonctionnaire.

(1) En marge de l’enquête interne, l’enquête judiciaire et celle ordonnée par le CHSCT sont toujours en cours.

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