La grogne des élus monte face à la fermeture de services publics

Vendredi 28 novembre 2008

PARIS (AFP) - De nombreux élus ont exprimé leur inquiétude lors du 91e Congrès des maires de France à Paris, face à la fermeture de leur bureau de Poste, leur maternité ou leur centre des impôts, particulièrement en milieu rural où ils redoutent un accroissement de la désertification.

Le congrès, entamé mardi et qui doit s’achever jeudi, a été marqué par des interventions, parfois virulentes, d’élus contre le « démantèlement » des services publics.

« Aujourd’hui, il y a des territoires où on ferme en même temps plusieurs services publics. Dans le même coin, tout peut tomber, alors discutons au moins de façon transversale pour que ça ne touche pas les mêmes ! », s’est indigné Alain Vergnier, maire de Guéret (Creuse), déjà au cœur d’une vive contestation d’élus en 2004.

Un phénomène qu’illustre le canton d’Ars-sur-Moselle (Moselle) regroupant 18 communes : « on a déjà subi les fermetures de lycées, d’écoles, de bureaux de poste et maintenant la perception, le centre de sécurité sociale et le régiment médical (médecins militaires, ndlr) vont disparaître », a expliqué à l’AFP Albert Dal-Pozzolo, adjoint au maire de Rozerieulles, commune de 1.350 habitants située dans ce canton très touché par la crise industrielle.

« Avec le départ des 1.000 militaires et de leurs familles, c’est moins d’enfants scolarisés, et autant de perdu pour les commerces », a-t-il dit.

Beaucoup d’élus vivent mal la réorganisation de l’Etat, objet de plusieurs réformes ces derniers mois notamment dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), comme le montre un sondage Ifop publié lors du congrès.

Ainsi, 68% des maires estiment que l’accès aux services public sera rendu plus difficile.Raymond Biglia, maire de Romeyer (Drôme), 250 habitants, a témoigné de « la grande inquiétude » de ses administrés face au transfert de la maternité à plus de 30 km de son village, contre 5 actuellement : « certaines mères devront aller accoucher à une heure et demie de route de chez elle ».

Comme lui, beaucoup d’élus soulignent un « abandon des territoires ruraux » : « quand il n’y a plus de poste, plus de services publics, les gens vont ailleurs, en ville, c’est l’urbanisation et la désertification des territoires », a déploré Nicole Denjean, adjointe au maire d’Auzat (Ariège), 666 habitants.

A Auzat, on « résiste » contre la transformation du bureau de poste en agence communale, aux services plus restreints : « la Poste est le dernier lien avec la population retirée des villages et des hameaux, c’est un lien social et c’est ce dernier lien qui disparaît, au-delà du service public », a-t-elle dit.

« On a dit aux élus qu’on allait discuter, négocier avec eux et ils ont l’impression qu’on les informe seulement » de décisions déjà prises, a déclaré M. Vergnier.

« La concertation, c’est un grand mot mais derrière il n’y a rien ! On se contrefout de ce que pense le maire rural ! », s’est emporté Christian Bilhac, maire de Péret (Hérault), 950 habitants, très applaudi.

De nombreux maires redoutent enfin de ne pas avoir les moyens de pallier la « disparition » des services publics. Car « quand les effectifs de fonctionnaires baissent, la population se retourne vers le maire, élu de proximité, pour lui demander de compenser en embauchant plus de policiers municipaux, de personnel pour les écoles, les personnes âgées ou les crèches », a souligné Philippe Dauvel, maire de La Salvetat-Saint-Gilles (Haute-Garonne).

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